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Ciné Puriste : The Visit - La Critique

  • S.N.Blaster
  • 30 janv. 2018
  • 6 min de lecture

LA FICHE TECHNIQUE

 

Titre : The Visit

Date de sortie : 7 octobre 2015

Réalisation : M. Night Shyamalan

Scénario : M. Night Shyamalan Compositeur : James Newton Howard

 

Acteurs principaux :

Olivia DeJonge

Ed Oxenbould

Peter McRobbie

Deanna Dunagan Kathryn Hahn

 

Genre : Épouvante - Thriller Durée : 94 minutes

Pays d'origine : États-Unis

Budget : 5.000.000 $

 

Version conseillée : Version Française Québécoise (VFQ)

L'ANALYSE

 

LE PROPOS

Le jour de ses 19 ans, Loretta Jamison décide de fuir le domicile familial et de couper les ponts suite à une violente dispute. Après 15 années de silence, elle est devenue la mère de deux enfants, Rebecca et Tyler, et reçoit un appel de ses parents qui souhaitent enfin rencontrer leurs petits-enfants.


C’est alors que les deux jeunes adolescents sont envoyés pour une semaine de vacances dans la ferme de leurs grands-parents en Pennsylvanie. Très rapidement, l’ivresse des retrouvailles laisse place à l’angoisse lorsque des événements étranges commencent à se produire et que les charmants hôtes semblent cacher un lourd secret.


Le long-métrage s’exécute sur un rythme lancinant, ce qui induit un dynamisme approprié pour une montée progressive de la tension. La simplicité de l’intrigue ne permet en aucun cas une chute surprenante, mais n’enlève rien à son efficacité. En effet, l’ambiance du film évolue du calme au malaise par intermittence, ce qui souligne la présence de quelque chose de « malsain » au cœur de cette propriété, et nous ne pouvons rester indifférents face à la destinée incertaine des protagonistes.


La séquence finale se fait redouter durant toute la durée du film en plongeant le spectateur dans un état de désarroi - quant à l’issue de l’histoire - et d’inquiétude à l’égard du sort des personnages, qui sont interprétés de manière convaincante, ainsi que travaillés avec une technique suffisamment profonde et réaliste pour que nous puissions développer un « fort sentiment » d’empathie vis-à-vis de ces héros.


À travers ce film, l’ambition de M. Night Shyamalan est clairement de toucher à l’aspect affectif - la dimension émotionnelle - du spectateur. Pour cela, il va dépeindre une réalité dramatique, stressante, avec une mise en scène qui facilite l’identification à la situation de Tyler et Rebecca - pour le moins délicate et non souhaitable.


Finalement, The Visit n’offre pas de véritable frayeur - ponctuée de sursauts et caractérisée par une angoisse incontrôlable -, ni ne dégoûte réellement, mais s’amuse assez habilement à tourmenter notre ressenti pendant 90 minutes.



LE STYLE


Le long-métrage du réalisateur indo-américain affiche un style très lisse et sobre, afin de répondre à la nécessité de créer une situation réaliste. Le traitement de l’image, notamment supervisé par la Directrice de la Photographie et cinéaste française Maryse Alberti, vient étayer cette volonté de concrétisation du propos. Cela se manifeste par un usage extrêmement classique - volontairement sans fantaisie - de la lumière, de même qu’un choix de couleurs plutôt discrètes et froides.


Dans la même perspective, le film est tourné en Found Footage, ce qui procure indubitablement un effet de réalisme amplifié, cohérent avec le désir de favoriser l’identification du spectateur à l’encontre de l’intrigue.

Par conséquent, nous allons retrouver des éléments très caractéristiques de cette technique de réalisation en termes de cadrage et de séquençage : plans rapprochés tremblotants, nombreux mouvements de caméra sciemment maladroits, cadrage hasardeux, coupures nombreuses au montage...


Des répliques relativement conventionnelles enrichissent la tournure terre-à-terre du scénario. Le récit est illustré par des décors froids - vieille bâtisse perdue dans une campagne hivernale, enneigée et isolée, - en concordance avec la teinte des couleurs présentes dans le film, ce qui accentue l’aspect sinistre du lieu où se déroule l’histoire.


The Visit présente un choix artistique assez singulier : il n’y a pas de bande originale sur les 70 premières minutes de l’œuvre. Outre les deux séquences finales - qui arborent une musique calme et excessivement discrète -, le récit évolue dans un silence omniprésent. Cela peut tout aussi bien être interprété comme une amplification de la tension - un renforcement de l’isolation si désespérée des protagonistes -, que comme un manque dans l’achèvement final de l’ambiance désirée.




LA NOTE

 

LE PROPOS

Intrigue & Thématiques

6/10 ******

Rythme & Dynamisme

7/10 ******

Personnages & Jeux d’acteur

7/10 *******

Ambiance & Émotions

7/10 *******

Portée, Objectifs, Ambitions & Enjeux

6/10 ******

 

LE STYLE

Traitement de l’image, Lumière & Couleurs

6/10 ******

Cadrage, Séquençage & Montage

6/10 ******

Décors, Costumes & Mise en scène

7/10 *******

Bande sonore & Musique

4/10 ****

Dialogues, Répliques & Lexique

6/10 ******


 

SPOILERS

 

L'APRÈS-SÉANCE

 

*

The Visit est un thriller plutôt convenable de M. Night Shyamalan, il n’est pas mauvais, mais il n'est pas exceptionnel non plus. Nous pouvons l’excuser car il s’agit du tout premier long-métrage tourné en Found Footage de la carrière du réalisateur indo-américain, après presque une dizaine de films, quasiment tous des œuvres très respectables.


Il est ici question d’un style de réalisation qui paraît assez simple à maîtriser au premier coup d’œil mais qui demande en réalité une certaine technique afin de créer une ambiance, une identité artistique unique et passionnante - qui parfois peut donner des résultats admirables comme certains classiques du genre : Le Projet Blair Witch, Cloverfield ou encore Chronicle - et d’éviter de produire une « pellicule » digne des pires films amateurs.


L’intrigue est très simpliste, et sans réelle surprise - j’avais deviné la chute au bout de 22 minutes de visionnage, lorsque le docteur de l’hôpital se présente au domicile des Jamison et révèle à Rebecca que ses grands-parents ne sont pas venus faire acte de bénévolat comme il l’était prévu quelques jours auparavant -, mais demeure tout de même efficace dans son propos.


La tension et le malaise sont bien présents, je dirais même palpables ; Shyamalan parvient malgré tout à nous tenir en haleine tout le long de l’histoire, notamment en créant une ambiance « potentiellement » surnaturelle - dont il en est spécialiste, particulièrement dans son œuvre Le Village - qui a souvent pour conséquence chez le spectateur de développer le désir d’en connaître le dénouement et d’en comprendre la nature.


Je pense que la véritable force de The Visit réside dans le réalisme très abouti du film qui résulte des divers choix artistiques effectués. Malgré un certain nombre de faiblesses, l’histoire est accrocheuse et engendre une empathie presque inéluctable. Effectivement, comment ne pas s’identifier à ses deux jeunes adolescents pensant passer une semaine plutôt tranquille chez leurs grands-parents - une figure emblématique dans la structure familiale occidentale moderne -, comprenant que des événements inhabituels se déroulent sous leurs yeux mais ne se doutant pas un seul instant que leurs hôtes ne sont pas ceux qu’ils prétendent ?



Le réalisateur fit également certains partis-pris pour intensifier l’authenticité de sa création : le fait de choisir des acteurs non débutants mais relativement anonymes sur le « grand écran » ; de sélectionner l’actrice Olivia DeJonge après une seule audition, envoyée sous le format vidéo par cette dernière, tant sa performance fut convaincante et en adéquation avec les besoins du projet ; ou encore de prendre la décision de filmer en Pennsylvanie - un État bien connu du cinéaste, où il a ses habitudes et où il tourna la plupart de ses œuvres.


Grâce à tout cela, il est difficile de demeurer impassible face au destin de nos deux personnages. Je dois avouer m’être surpris à m’inquiéter - le cœur qui s’emballe si soudainement - pour Tyler et Rebecca lors d’une des séquences finales.


L’ambiance est très bien contrôlée en cette fin de film, avec notamment la scène du Yahtzee - faisant suite à la terrible scène qui révèle la voisine pendue à l’arbre devant la maison - qui est assez dérangeante tant l’envie d’en connaître enfin la conclusion se fait ressentir.


The Visit aurait pu aller plus loin dans son propos et son ambiance. Mais nous devons reconnaître que le choix de la sobriété est maîtrisé, et nous offre un résultat satisfaisant. Le long-métrage est un bon thriller, à tendance horrifique, dans un souci approfondi de réalisme et de concrétisation, signé par Shyamalan - et ceci est un point positif car le réalisateur réussit à marquer sa création par son style personnel, au mépris des choix artistiques démesurément classiques qui desservent cet objectif - ou cette perspective.


Il existe de meilleurs Found Footages que nous avons peut-être vus - ou non -, cependant l’œuvre se fraye doucement, mais légitimement, une place dans la filmographie de ce talentueux réalisateur-scénariste, caractérisée par une facture et une expression personnelles qui sont difficilement comparables dans le milieu cinématographique actuel.


Enfin, The Visit apporte une vision davantage pragmatique vis-à-vis de ce style de réalisation plutôt distinctif, et demeure cohérent en conférant une dimension hyperréaliste à son intrigue.



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