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Ciné Puriste : Slevin - La Critique

  • S.N.Blaster
  • 12 févr. 2018
  • 6 min de lecture

LA FICHE TECHNIQUE

 

Titre : Slevin

Date de sortie : 28 juin 2006

Réalisation : Paul McGuigan

Scénario : Jason Smilovic Compositeur : Joshua Ralph

 

Acteurs principaux :

Josh Hartnett

Sir Ben Kingsley

Morgan Freeman

Lucy Liu

Stanley Tucci

Bruce Willis

 

Genre : Thriller - Policier Durée : 108 minutes

Pays d'origine : États-Unis

Budget : 27.000.000 $

 

Version conseillée : Version Française de France (VFF)

L'ANALYSE

 

LE PROPOS

Slevin n'est absolument pas ce que l'on pourrait appeler un « homme chanceux ». Après avoir perdu son emploi, ne pouvant accéder ni à son immeuble ni à son appartement, il se rend chez sa copine qu'il surprend avec un autre homme. C'est alors qu'il s'embarque pour New York afin de rejoindre un ami : Nick Fisher. Arrivé sur place, il se fait voler ses papiers dans la rue lors d'une agression, son ami a disparu et les hommes de main de deux parrains new-yorkais lui tombent dessus.


En effet, il s'avère que le Boss et le Rabbin, qui se livrent une impitoyable guerre de gangs depuis de nombreuses années, soient liés par le fait que Nick leur doit à chacun une importante somme d'argent. Au milieu de cette situation pour le moins hasardeuse, et ne pouvant rembourser la dette de son ami, Slevin se voit dans l'obligation de rendre un service à chacun des deux gangsters...


Tous ces événements rappellent inexplicablement une embrouille à la « Kansas City Shuffle » comme pourrait le dire Goodkat, un tueur à gages réputé, qui est lui aussi présent à New York et qui souhaiterait en finir avec une affaire en attente depuis plus de vingt ans.


Dans ce film, Paul McGuigan nous plonge dans sa vision personnelle de l'univers des mafias à travers une intrigue haletante, qui nous maintient sous une émotion constante de curiosité, rythmée par des séquences flashback et de nombreux rebondissements. Pourvu d'un scénario de Smilovic merveilleusement bien « ficelé », le long-métrage nous immerge dans une ambiance rétro aux thématiques de paris illégaux, de bookmakers et de règlements de comptes.


En tant que spectateurs, il est impossible de déceler - dès le premier visionnage - tous les rebonds et les nœuds narratifs de cette histoire à la chute tout aussi surprenante que passionnante. Le propos est traité sérieusement mais avec tout de même un ton assez ironique, presque comique, géré subtilement et conférant davantage de profondeur au niveau de l'écriture.


L’œuvre propose un récit captivant avec un sujet revisité, illustré par des personnages complexes, mystérieux et tout à fait intéressants - pour lesquels nous consacrons facilement notre attention et une certaine prévenance. Le casting est impressionnant, chaque acteur effectue une prestation remarquable et très convaincante.

Avec cette identification au héros si malchanceux de Slevin qui est facilitée - ainsi qu'à l'ensemble des personnages principaux -, le film offre un visionnage agréable et « humain », riche en surprises et en émotions, à travers cette adaptation cinématographique d'un scénario qui serait digne d'un très bon roman policier.



LE STYLE


Au niveau du traitement de l'image, nous allons retrouver toute une palette de choix assez classiques que l'on observe dans la plupart des œuvres au cinéma. La photographie très bien maîtrisée procure un résultat esthétique et réaliste. Nous pouvons ensuite identifier une importante diversité de techniques en termes de cadrage et de montage : plans horizontaux, fondus au noir, plans rapprochés, plans légèrement accélérés ou ralentis, nombreux angles de prise de vue...


Le film arbore une mise en scène rétro - New York de la fin du siècle dernier - dans une interprétation moderne avec des personnages contemporains mais des costumes et des décors rappelant une époque plus lointaine - ambiance de paris truqués dans des hangars, immeubles ou parkings new-yorkais, appartements stylisés « années 70 ».


Les répliques jouent un rôle majeur dans la richesse narrative du long-métrage. Effectivement, le spectacle audiovisuel qui nous est proposé est sublimé par un nombre considérable de jeux de mots, de joutes verbales et de références à la culture populaire et artistique - notamment à Norman Rockwell, à James Bond, la bande dessinée The Shmoo ou encore Alfred Hitchcock. Le lexique employé est soigneusement sélectionné, l'importance des dialogues, les embrouilles verbales presque comiques et les quiproquos rappellent la mise en scène, l'écriture et les enjeux scénaristiques des pièces de théâtres.


Concernant la bande originale, le compositeur Joshua Ralph nous expose une grande variété de sonorités, et ce dans différents styles, de la petite musique calme ou enjouée à la symphonie plus ténébreuse, afin d'accompagner toutes les situations du récit. Cela étaye la richesse artistique déjà présente au niveau des autres composantes du film, telles que le style de réalisation, l'écriture ou le jeu d'acteurs.

Les effets sonores et la musique n'ont absolument rien à se reprocher car ils apportent leur contribution à l'identité artistique du long-métrage, une œuvre polyvalente et complète autant dans son propos que dans son style.



LA NOTE

 

LE PROPOS

Intrigue & Thématiques

7/10 *******

Rythme & Dynamisme

8/10 ********

Personnages & Jeux d’acteur

9/10 *********

Ambiance & Émotions

8/10 ********

Portée, Objectifs, Ambitions & Enjeux

5/10 *****

 

LE STYLE

Traitement de l’image, Lumière & Couleurs

7/10 *******

Cadrage, Séquençage & Montage

8/10 ********

Décors, Costumes & Mise en scène

8/10 ********

Bande sonore & Musique

7/10 *******

Dialogues, Répliques & Lexique

9/10 *********


 

SPOILERS

 

L'APRÈS-SÉANCE

 

*

Slevin est un film plutôt bon, il faut l'avouer, à mi-chemin entre le thriller sérieux et le film plus « léger » accompli sur un ton humoristique. Il s'agit seulement du cinquième long-métrage du réalisateur écossais Paul McGuigan mais pourtant le cinéaste revient pour la seconde fois aux films de gangsters - un genre dans lequel il s'était déjà aventuré avec Gangster No. 1 sorti en 2000 - avec ici une œuvre beaucoup plus aboutie et entière dans son exécution.


Le scénario est vraiment très captivant, enrichi par des scènes intenses entre deux ou trois personnages dans différents huis clos à la manière du théâtre, des dialogues complexes et des personnages profonds. À la base, Jason Smilovic avait créé une histoire autour d'un anti-héros incroyablement malchanceux en 1997. Au fil des années, le récit s'étoffa pour devenir le thriller retors et habile qui a vu le jour en 2006, animé par tout un tas de personnages denses, à la forte personnalité et avec cette particularité ironique qu'ils sont presque tous convaincus d'être maître de la situation.



La force du film réside dans son scénario impénétrable - seulement pendant le premier visionnage bien entendu. Dès le début de l'intrigue, il est clair que l'histoire du « Kansas City Shuffle » racontée par Bruce Willis va avoir son importance par la suite, mais il est inenvisageable de pouvoir démêler toutes les « aspérités scénaristiques » au premier coup d'essai.


La révélation finale - Slevin qui est en fait le petit garçon de l'histoire contée à l'ouverture - n'est pas très évidente à deviner jusqu'à sa révélation ; le véritable rôle de Goodkat ou l'implication du lieutenant Brikowski le sont encore moins ; ensuite le scénario nous offre encore un autre twist avec la mort déguisée de Lindsey ; et enfin la formation du duo amoureux Liu-Hartnett au su du célèbre assassin, que l'on ne voit pas forcément venir lui non plus.

En conséquence, le film possède et exhibe une intrigue que nous pouvons indéniablement qualifier de palpitante, qui nous rend curieux et nous donne envie d'en connaître le dénouement.


Il y a un réel travail au niveau de l'écriture des personnages et de leur interprétation : les dialogues, le lexique, le jeu d'acteurs et la mise en scène sont travaillés de la même façon que dans les pièces de théâtre. Le langage occupe une place de choix au sein de ce film qui mise énormément sur le talent et les performances de ses acteurs. D'ailleurs, lorsque Lucy Liu accepta le rôle de Lindsey, la sympathique voisine de palier de Nick, le réalisateur et le scénariste décidèrent de réécrire son personnage dans le but de valoriser au maximum le potentiel de l'actrice ; et le résultat n'en est que plus satisfaisant.


Au final, nous nous mettons à éprouver de l'attachement et de l'empathie envers les héros de l'histoire, même quant aux antagonistes qui dégagent, eux également, une identité personnelle forte et intense.



Slevin nous offre une expérience audiovisuelle réellement complète, tous les détails sont pensés et calibrés : La mise en scène et les décors sont réfléchis et contribuent à renforcer l'ambiance « gangsters de la vieille école ».

Afin de corroborer la rivalité, mais surtout la proximité entre les deux parrains du crime organisé, le superviseur des effets spéciaux Eric Robertson a utilisé deux façades d'un seul et même immeuble - un bâtiment d'Abingdon Square à New-York - pour élaborer ces deux édifices presque identiques se faisant face dans le film. Avec l'intervention du chef décorateur qui s'efforça de recréer l'atmosphère des années 70, le résultat est très convaincant et nous devons confesser que l'immersion dans l'univers de l’œuvre est totale.


La seule faiblesse que nous pouvons éventuellement citer concerne la « portée » plutôt limitée de cette dernière. En effet, nous sommes confronter à une intrigue intéressante et diversifiée avec une mise en scène très soignée, des personnages approfondis qui ont des interactions passionnantes, un scénario très bien écrit et un sens du détail poussé ; mais en définitive le film se contente de raconter une histoire sans aller plus loin. Le récit ne condamne pas forcément son propos, qui est plutôt sombre et funeste, et il n'apporte pas de véritable réflexion ou débat malgré une histoire poignante au thème assez sinistre.


Ce ne sont pas des éléments obligatoires dans la réalisation d'un projet cinématographique, mais il faut avouer que les œuvres pourvues d'une profondeur intellectuelle ou spirituelle sont plus impactantes et plus surtout riches.


Somme toute, Slevin de Paul McQuigan n'en est pas moins un bon thriller proposant une histoire captivante illustrée avec un style fort et personnel.



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